Qi ou le souffle

  : Qi

Lorsque  l’on est amené à parler de Qi il faut toujours le situer dans son contexte d’apparition, d’évolution et dans les champs d’applications actuels. Et au final évaluer les résultats de sa prise en compte comme concept hypothétique. Le terme d’énergie est une mauvaise traduction de l’idéogramme et prête à confusion avec la notion physique. La notion de Qi est assez éloignée de la doctrine d’énergie vitale du ‘’vitalisme’’.

Qi est un terme devenu courant pour un ensemble de pratiques natives d’Asie puis adaptées en Occident : différentes spécialités dites de ‘’bien-être’’, médecines alternatives ou complémentaires, arts martiaux, danse contemporaine, qi gong, méditation, …

Mais d’abord quelques lieux communs :
« La vie c’est le mouvement » C’est la matière qui s’anime ou qui est animée avec comme objectifs la croissance,la multiplication, l’adaptation et l’évolution.

« Macrocosme et Microcosme se ressemblent » Conception du monde qui estime que ‘’tout est dans tout ‘’. Notre mémoire cellulaire contiendrait toutes les mémoires précédentes (cosmique, minérale, végétale et animale). Microcosme (être humain) et macrocosme (univers) seraient étroitement solidaires.

« E=mc» Matière et énergie sont deux notions apparemment éloignées mais étroitement liées. Deux mises en formes différentes d’une même chose.

« Nous sommes tous des poussières d’étoiles » Tous les noyaux des atomes qui nous constituent ont été engendrés au centre d’étoiles mortes il y a plusieurs milliards d’années.

 Quelques équivalents de la notion de Qi hors la Chine :

– La notion grecque de « pneuma » qui signifie ‘’souffle vital respirant’’

– Le concept indien de « prana » qui est ‘’souffle individuel’’ et ‘’manifestation de l’Iréel’’

– L’idée latine de « spiritus » indique ‘’souffle’’ ‘’vent’’.

Nous traduirons ici Qi par « souffle » en nous rappelant de l’expression italienne « traduttore, traditore » (traducteur, traître) et nous conserverons la plupart du temps Qi avec sa phonétique propre (pron. Tchi) ou Ki en japonais.

Voyons de plus près l’idéogramme Qi :

Composé de grains de riz qui cuisent

et produisent une vapeur qui s’élève

 

Qi est l’équivalent de vapeur, souffle, haleine, atmosphère et animation de la vie.

Cette matière invisible et sans cesse en mouvement est supposée représenter le souffle qui anime toutes les manifestations de l’univers. Il serait à l’origine de toute production et de ses transformations.
N’oublions pas que nous nous situons là au cœur de la cosmologie chinoise vieille de plusieurs milliers d’années et marquée par les influences du confucianisme et du taoïsme. L’âge d’or de la philosophie chinoise se situe entre le VIéme et le IIIéme siècle avant l’ère chrétienne.

Selon ces préceptes, tout ce qui existe est créé à partir du Qi et s’exprime au travers du yin et du yang. C’est un dynamisme de la vie naturelle dont les aspects yin et yang se composent harmonieusement selon un rythme de mouvement et de repos.

La circulation correcte de Qi désigne un état d’harmonie, d’équilibre et de joie qui peut s’appliquer au corps (singulier ou groupe) ou à l’environnement ( nature, esthétique, architecture, etc …).

Qi est le souffle vital à la circulation alternée et complémentaire yin et yang.

 La prononciation de Qi (chuiiii) est comme un chuintement de l’air qui vibre, du souffle indéfiniment exhalé, toujours déformable.

Qi est le Qi atmosphérique, l’air, les odeurs, le souffle respiratoire et ce qui circule, anime, constitue et transforme le vivant.

« La cosmologie chinoise est fondée sur l’idée de Souffle, à la fois matière et esprit…. Univers vivant où tout se relie et se tient. » François CHENG. P.74

Appliqué à l’être humain le Qi stimule et impulse :
–    la croissance et le développement de l’organisme

  • l’activité physiologique des viscères (Zang Fu)
  • l’activité physiologique des méridiens et collatéraux (Jing Luo)
  • la production et la circulation de sang
  • la production, la distribution et l’excrétion des liquides organiques (Jin Ye)

Ce Qi unique, original se différencie en une infinité  de Qi nécessaires à la manifestation et à l’entretien de notre vie, souffles, sang, liquides organiques, organes et entrailles.

Lorsque le Qi est bloqué par un problème anatomique, physiologique, psychologique ou émotionnel il ne s’écoule plus harmonieusement et les déséquilibres s’installent.

Chez l’être humain le Qi parcourt la surface du corps puis pénètre en profondeur dessinant des lignes de forces reliant toutes les parties du corps.

« Pour les Chinois l’être humain est une condensation de souffles particularisés au sein de l’amas universel ; il est la résultante de l’action des souffles célestes sur les souffles terrestres, et à la mort, ces mêmes souffles se dispersent pour retourner à leurs lieux d’origine, le Ciel et la Terre avant de retrouver leur état indifférencié. » Tran Tien CHANH. P.51

 « Ce que l’on n’a pas perçu et reconnu soi-même n’est pas utilisable » Robert COURBON L’énergie sous les doigts. Ed Cariscript. 1992. Page 29

Le 5 mars 2018, Michel BARBERIS BIANCHI

BIBLIOGRAPHIE :

  • Nei Tching Sou Wen. Trad. Jacques-André LAVIER. Ed Pardes. 1990
  • Aperçus de médecine chinoise traditionnelle. Jean SCHATZ, Claude LARRE, Elisabeth ROCHAT DE LA VALLÉE. Ed Trédaniel 2006.
  • L’Homme et ses symboles. Jean-Marc KESPI. Ed Albin Michel 2002.
  • Cinq méditations sur la beauté. François CHENG. Ed Albin Michel. 2006.
  • L’acupuncture et le Tao. Tran Tien CHANH. Ed Partage. 1988.
  • Le chemin de la vie. Michèle PETIT. Ed Dervy. 1997.